Lorsque nous travaillons sur un document, nous utilisons un logiciel spécifique et nous enregistrons notre travail dans un format approprié. Par exemple, lorsque nous rédigons un texte mis en page, nous enregistrons notre document dans un format texte. Cela signifie qu'il ne peut être ouvert qu'avec un logiciel de traitement de texte. Nous connaissons tous différents formats comme MP3, JPG, DOC, XLS…
Quelles sont les différences entre un format propriétaire et un format libre ? Tout d'abord, je vous conseille de lire l'article sur les logiciels libres/propriétaires pour comprendre plus facilement la suite. Pour expliquer concrètement ces différences, nous comparerons essentiellement les suites bureautiques Microsoft Office et OpenOffice.org ainsi que leurs formats.
Comme les logiciels propriétaires, un format est propriétaire lorsque ses spécifications techniques appartiennent à l'entreprise qui les a créées. Au même titre qu'un logiciel "OpenSource", un format peut être ouvert et propriétaire.
Par exemple le format MP3 est ouvert, ce qui signifie que tout le monde peut écrire un logiciel utilisant ce format (lecteur de musique, encodeur de CD-Audio vers des fichiers MP3...), mais il est propriétaire et appartient aux sociétés Fraunhofer, Philips et Thomson. Elles peuvent décider à tout moment de fermer ce format et donc de rendre impossible son implémentation dans un logiciel. Ceci veut dire que nos fichiers MP3 peuvent très bien être rendus inutilisables. Les utilisateurs sont donc impuissants face à ce type de format.
Parlons maintenant des formats bureautiques qui sont pour la plupart bien plus importants car ils contiennent nos données personnelles. Les plus concernés par ce sujet sont surtout ceux qui enregistrent leurs documents au format Microsoft Office (DOC pour Word, XLS pour Excel, PPT pour Powerpoint...).
Le format de Microsoft Office est propriétaire et fermé. Cela signifie que les documents enregistrés dans ce format ne peuvent être lus que par Microsoft Office et qu'ils sont prisonniers de ce logiciel (et donc de Microsoft). D'autre part, au fil des versions de Microsoft Office, Microsoft modifie ses formats. On peut enregistrer un document dans un ancien format ou dans le nouveau, mais si l'on souhaite utiliser un document enregistré dans le nouveau format sur un PC qui contient une ancienne version de Microsoft Office, il y a peu de chance que l'on puisse l'ouvrir. De plus les anciens formats ne sont que partiellement supportés par les dernières versions du logiciel. Il est donc tout à fait possible que l'on ne puisse pas récupérer intégralement nos propres documents. Microsoft nous retient prisonniers en nous rendant complètement dépendants de sa suite bureautique, et décide du sort de nos propres documents. Si Microsoft disparaît, nos documents disparaissent aussi.
Les formats propriétaires ne garantissent pas la pérennité et l'interopérabilité des données.
Certains me diront que l'on peut utiliser ce format avec d'autres logiciels comme OpenOffice.org par exemple. En effet, d'autres suites bureautiques peuvent le lire, mais il est intéressant de savoir comment. D'abord il est important de savoir qu'aucune autre suite que celle de Microsoft ne peut le lire complètement. Son implémentation dans OpenOffice.org est partielle. Comme je l'ai dit ci-dessus, Microsoft ne souhaite pas publier ses spécifications, et les développeurs d'OpenOffice.org ont dus s'en passer. Pour réussir à déchiffrer ce format, ils ont été contraints de pratiquer la rétro-ingénierie, ce qui consiste à les trouver aveuglément (travail très long).
Comme les logiciels libres, ce type de format n'est la propriété de personne. Un format est libre si ses spécifications sont ouvertes et modifiables par tous. Nous avons parlé du format MP3 comme document audio ouvert mais propriétaire, il existe par exemple le format Vorbis (OGG) qui est libre. N'étant la propriété de personne, il ne peut pas disparaître. Notre musique au format Vorbis pourra donc toujours être lue dans le temps. Revenons à nos suites bureautiques. Nous parlions du format Microsoft Office et de son implémentation dans divers logiciels, maintenant nous allons parler du format ODF.
Pour commencer, ce format est une norme ISO (donc libre évidement). Ensuite, il est utilisé par quasiment toutes les suites bureautiques. La seule grosse suite ne l'utilisant pas est bien sûr Microsoft Office car Microsoft ne souhaite pas que ses fidèles clients connaissent un tel format. Si nous enregistrons nos documents dans ce format, ils ne pourront jamais disparaître car les spécifications sont ouvertes et libres. Même s'il évoluera voire disparaîtra dans 20 ans, nous pourrons toujours retrouver nos vieux documents.
Les formats libres garantissent la pérennité et l'interopérabilité des données.
Précisons tout de même que Microsoft va implémenter dans la prochaine version de sa suite le format ODF.
Un document enregistré dans un format libre, quelqu'il soit, nous appartient. Un document enregistré dans un format propriétaire appartient à celui qui a créé le format.
Nous avons vu que le format libre bureautique ODF est normalisé par l'ISO. Pour contrer cette norme, Microsoft a voulu créer son propre format OXML dans le but d'être normalisé. D'abord il est évident que c'est contre-productif d'avoir 2 normes pour un même objet. Ensuite ce format n'existe pas réellement car Microsoft n'a jamais publié de spécifications mais nous savons qu'elles font 6000 pages ce qui est énorme et donc dur à implémenter dans un quelconque logiciel. Nous savons aussi que ces spécifications sont basés sur le format Microsoft Office qui est breveté donc non libre. Le pire est que ce format fantôme a été normalisé par l'ISO sous la menace constante de Microsoft et contre le gré de la plupart des autres acteurs.
Voici quelques liens sur le sujet :
Une autre controverse intéressante :
Un document enregistré dans un format Microsoft Office ne contient pas uniquement votre document même, il contient également la liste des logiciels installés sur votre ordinateur, ainsi qu'une liste partielle des fichiers de votre disque dur. Bref, aucune confidentialité. Voyez par vous même avec cet article.