Le Cloud Computing est certainement l'avenir du Web 2.0. Il permet d'utiliser des logiciels et d'avoir accès à nos données quelque soit le lieu et quelque soit l'ordinateur utilisé, indépendamment du système d'exploitation ; il est donc très pratique et permet une utilisation complètement nomade d'Internet. Mais où sont stockées nos données ? Ces logiciels web sont-ils libres ? Ce modèle peut-il être néfaste pour les utilisateurs ?
L'expression "Cloud Computing" signifie "informatique dans les nuages", ce qui veut dire que tous les logiciels et documents ne sont plus stockés localement (sur notre ordinateur) mais dans les nuages (sur les ordinateurs d'entreprises). Ceux-ci sont représentés par Microsoft, Google, Yahoo, Amazon...
Nous avons toujours connu l'informatique en utilisation locale : nous achetons un ordinateur équipé d'un système d'exploitation (souvent Windows) et nous installons les logiciels dont nous avons besoin (suite bureautique, lecteur multimédia, visualiseur d'images...) et nous enregistrons nos documents sur notre ordinateur. Rien de tout cela nécessite une connexion à Internet.
Dans le modèle du Cloud Computing, le navigateur web (Firefox...) est un peu le "système d'exploitation" du web. En effet, les logiciels web (webmail, photos en ligne, blog...) ne dépendent pas du système d'exploitation, mais de ce navigateur qui doit être capable de les utiliser correctement. Or installer un système d'exploitation libre (GNU/Linux, BSD...) avec un navigateur web libre (Firefox, Epiphany, Konqueror...) et utiliser des logiciels web propriétaires (picasa, skyblog, facebook, gmail...) revient à utiliser, dans le cas d'une utilisation locale, GNU/Linux avec des logiciels propriétaires comme Microsoft Office, Opera, Flashplayer, Windows live messenger...
Comme je l'ai expliqué dans l'article sur l'internet libre ou le minitel, l'unique moyen de rester libre tout en publiant ses données sur la toile est de les stocker sur son propre ordinateur car nous le contrôlons totalement. Si nous perdons ce contrôle, nous perdons notre liberté.
Si l'usage de logiciels web propriétaires et si le stockage de nos données sont "dans les nuages" et non sur notre ordinateur, le Cloud Computing ne peut être que néfaste ?
Dans ce cas oui.
On nous a toujours appris à utiliser ce modèle comme on nous avait appris à utiliser les logiciels à l'époque : "ça marche, c'est pratique, ça me convient, je ne me pose pas de questions.". il y a une dizaine d'années, le grand public ne se doutait alors pas du tout qu'il existait une alternative libre aux logiciels propriétaires. Maintenant il a compris les intérêts du logiciel libre et est de plus en plus méfiant à l'égard des logiciels propriétaires (surtout après l'échec considérable de Vista). Pourtant ce même public est loin de se douter qu'il est plongé dans le minitel 2.0 alors que l'Internet libre existe bel et bien ; comme pour les logiciels à l'époque, il se dit : "ça marche, c'est pratique, ça me convient, je ne me pose pas de questions.". Or Google est aux services web ce que Microsoft est aux logiciels. Nous avons fait l'erreur de nous plonger dans l'univers de Microsoft durant des années, devenant ainsi complètement dépendant. Ne faisons pas la même erreur avec Google, restons libre.
Il représente sans doute l'avenir du web, mais nous pouvons aussi faire du Cloud Computing libre. Pour cela il suffit d'installer nos blogs, nos wikis, nos galeries de photos, nos mails sur notre propre ordinateur et tout mettre en ligne. Et pour ceux qui ont l'habitude de faire du travail collaboratif en ligne (autre que wiki) par exemple sur des logiciels bureautiques comme Google Documents, peuvent très bien utiliser OpenOffice et publier leurs documents sur un système de gestion de versions installé sur la machine du gars qui sait faire. Il existe également SPIP que je ne connais pas bien mais qui est très utilisé pour ce type de travaux collaboratifs.
En effet, pour gérer tous ses services chez soi, il faut un ordinateur, pas nécessairement puissant (un PC qui a 7 ans ou une boîte type Eeebox suffisent largement), qui soit allumé 24h/24h. Pourtant les services web proposés par Google et Co sont gratuits (enfin intéressés car rien n'est gratuit) et il y a moins de risques de perdre nos données ou d'être en panne. C'est effectivement ce type d'arguments, justifiés en ce qui concerne le risque de panne, qui sont avancés. Je comprends donc tout à fait que le Cloud Computing propriétaire puisse être plus attirant et intéressant financièrement que du libre. A ceci, je ne peux dire qu'une seule chose : vaut-il mieux pouvoir se payer la liberté pour quelques euros ou au contraire l'abandonner pour utiliser des services soi-disant gratuits que nous payons en réalité avec notre vie privée ?
Je pense que le Cloud Computing, qui va devenir rapidement indispensable, est une bonne chose s'il est libre.